Tu n’étais pas le plus beau, pas le plus coloré, pas le plus grand non plus, … À vrai dire, tu n’étais même pas destiné à être un doudou. Pourtant, quand Mouny t’a ramené, au fond de cette caisse, ses yeux t’ont tout de suite trouvé.
Ses mains étaient trop petites pour vraiment te saisir mais il adorait entendre tes petites billes rouler dans ton bedon. Ce bruit l’a toujours apaisé. Il t’a traîné partout, du bout de la queue. De son tapis de jeux à sa chambre, du petit lit à barreaux au lit « de grand ».
Il a pris l’habitude de caresser ta crinière pour s’endormir, en frottant ton cou contre son nez. Quand il a commencé à parler, il t’a raconté tous ses petits secrets, ses grands exploits et même ses tristesses passagères. Il t’a emmené partout sauf à l’école – cet endroit mystérieux – en prenant soin de t’attacher dans la voiture et de vérifier si tu étais bien en sécurité dans nos valises.
Il t’a surveillé avec attention les rares fois où il a autorisé maman à lui faire prendre un bain ou à le raccommoder. Il a demandé de tes nouvelles les premières fois où il a découché. Il a même fêté ton anniversaire à quelques dates choisies…
Tu as un certain âge maintenant. Tu as perdu la majeure partie de ta crinière, tes oreilles ont été rapiécées et le ruban qui orne ta queue menace de tomber tant il a été passé entre ses petits doigts. Pourtant, il aime toujours écouter le bruit des billes dans ton petit bedon. S’il a appris à lire, c’est pour te lire des histoires, avant de s’endormir, son nez toujours posé contre ton cou… Chaque nuit, jour après jour, tu continues d’écouter battre son coeur. Toi, son plus vieil ami… Son Bourriquet. Son doudou…
« Hyperactive » . C’est un mot qu’on me lâche environs trois fois par semaine, parfois de manière péjorative, souvent de manière blasée, quand je parle de mes activités quotidiennes et sportives. Et ça commence à bien faire !
Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH ; en anglais : attention deficit hyperactivity disorder, ADHD) est un trouble du neurodéveloppement caractérisé par trois types de symptômes pouvant se manifester seuls ou combinés : des difficultés d’attention et son contrôle, des symptômes d’hyperactivité et d’hyperkinésie et des problèmes de gestion de l’impulsivité. Le trouble est reconnu lorsque ces symptômes se manifestent de manière persistante, sur six mois ou plus, et de manière suffisamment importante pour poser un obstacle développemental ou perturber l’insertion sociale ou encore le travail scolaire
Site de la Haute Autorité de santé (HAS), https://www.has-sante.fr/jcms/c_2012647/fr/trouble-deficit-de-l-attention-avec-ou-sans-hyperactivite-tdah-reperer-la-souffrance-accompagner-l-enfant-et-la-famille, consulté le 16 aout 2022.
L’hyperactivité est une maladie
Entendez par là – sans aucune connotation négative – un trouble, une altération de la santé (physique ou mentale). C’est une affection sérieuse qui concerne de plus en plus d’enfants et d’adultes qui en souffrent au quotidien. Taxer quelqu’un d’hyperactif à chaque fois que son activité physique dépasse la moyenne admise, c’est non seulement stupide mais également irrespectueux pout toutes les personnes qui en souffrent réellement. Vous ne pouvez pas vous contenter de coller une étiquette aux gens quand leur mode de vie vous dépasse.
Le rôle des réseaux sociaux
Pourquoi hyperactive ? J’imagine que ma pratique des réseaux y est pour beaucoup dans ce diagnostique erroné. Je tiens effectivement un compte instagram où je ne poste QUE des combos de pole dance ou des sessions de renforcements musculaires… Est-ce à dire que je ne fais que ça de mes journées ? Non. J’ai un travail (deux, en fait), des enfants (toujours deux), un mari (…) et une tonne d’autres hobbies que je montre beaucoup moins.
De la même manière sur Facebook, mais de manière plus épisodique, je vais poster un enchainement de pole dance dont je suis particulièrement fière ou les activités que je fais avec mes garçons. Je réserve ce média aux amis proches et à la famille, le contenu y est différent mais il reste rythmé de moments « spéciaux ». Je suis pas toujours en festival, en vacances ou en vadrouille. Ce sont des moments que je sélectionne pour l’occasion. Si je devais poster quelque chose à chaque fois que je mange une pomme ou que je boucle un bilan, j’aurais certainement le mur le plus inintéressant au monde.
Et c’est bien là le point crucial sur lequel j’aimerais appuyer : vous ne voyez que ce que je veux bien vous laisser voir.
Celle que je suis, celle que je vous montre, celle que vous voyez
Qui je suis. La question est vaste. La réponse est infinie. Changeante. Complexe. C’est quelque chose entre moi et moi-même.
Celle que je vous montre. Mon image. J’essaie qu’elle se rapproche le plus possible de celle que je suis. J’essaie mais je n’y arrive pas tout le temps. Ce n’est pas que je mente ou que je ne sois pas sincère, c’est juste que je sélectionne parfois ce que je peux transmettre de plus positif. Il est fort probable que beaucoup d’entre vous ne verront jamais qu’une version tronquée et édulcorée de moi-même. Ce n’est pas forcément un mal mais… Certains détails vous échapperont toujours un peu. Appelons ça… La part de mystère, la part d’ombre.
Celle que vous voyez. Ou que vous croyez comprendre. Même si vous pensez pouvoir lire entre les lignes et analyser les non-dits… Votre lecture se fera toujours sur des bases incomplètes, tronquées et choisies. De même, votre avis passera à travers les filtres de votre propre expérience, environnement et ressentis personnels. S’il y a déjà un abysse de différences entre ce que je montre et les conclusions que vous en tirez, imaginez le monde qui nous sépare du vrai moi.
Je choisis de vous montrer mes activités physiques parce qu’il me plait de partager quelque chose avec vous sur ce sujet bien précis. De temps en temps, effectivement, des détails de mon quotidien, relégués le plus souvent dans les angles morts, transpirent. Ce n’est pas pour autant que j’ai élargi la fenêtre, l’éclairage est juste différent. Cependant, il existe tout un monde qui ne vous est pas visible.
Les goûts de chacun
Je ne suis pas hyperactive MAIS j’aime bouger. J’aime le sport. J’aime le mouvement. J’aime les challenges et l’inactivité m’ennuie. Je n’éprouve aucun plaisir à zoner. Je considère ça comme du temps perdu. C’est quelque chose qui est, j’imagine, personnel à chacun. Si j’ai le choix, pour me faire plaisir, je vais donc me faire une session de fitness ou de pole plutôt que de regarder une série ou de chill.
Contrairement à ce que mon feed montre, je ne fais pas du sport tous les jours ou, en tous cas, pas à la même intensité (c’est le principe de la fenêtre dont je viens juste de parler). J’ai tâtonné, il est vrai. Je me suis un peu perdue, parfois, je l’avoue. Je suis même allée jusqu’à me blesser par épuisement dans le passé, certes. Cependant, cela n’a rien avoir avec de l’hyperactivité. Un trop plein d’enthousiasme, oui. Une addiction à la montée d’adrénaline, oui. Un besoin irrépressible de faire de l’activité de peur de reprendre du poids, peut-être. Dans ce cas, mes TCA m’ont fait plus de mal au coeur et au corps qu’une prétendue hyperactivité…
Les limites de chacun
Ce qui paraît beaucoup à certains, paraîtra normal à d’autres. Cela dépend de ton environnement, de ton cercle d’amis, de la manière dont on percevait le sport dans ta famille, de ta pratique, de ta résistance à l’effort, de tes objectifs … BREF de plein d’autres choses qu’un trouble du neurodéveloppement. Je ne conseillerai jamais à quelqu’un d’autre d’avoir le même entrainement que moi. De un, je ne suis pas coach sportif et de deux, je ne suis pas vous. Tous les corps sont différents, les besoins aussi.
Ce que je sais, c’est que mon entrainement me convient. J’ai un solide background de fitness et des bases appréciables en haltéro. Je sais ce que je fais et je travaille, tant que faire se peut, en qualité. J’obtiens les résultats que j’espérais. J’atteins mes objectifs fixés au préalable. Je n’ai pas un besoin impérieux de bouger pour le plaisir de bouger, je suis un programme. Je pratique sans me lasser et avec plaisir à chaque séance. Cerise sur le gâteau, quand je suis trop sollicitée, j’arrive à prendre du repos sans culpabiliser. J’ai atteint un équilibre tout à fait confortable ! Que mes limites soient différentes des vôtres est tout à fait normal, chaque être humain est différent. De même, on a pas tous le même plaisir à faire du sport. Dans mon cas, j’en tire une réelle satisfaction physique et un bien-être quasi immédiat. Alors, au final, pourquoi se priver?
Conclusions
Cet argumentaire est moins écrit pour vous convaincre que je ne suis pas hyperactive que pour vous montrer à quel point notre regard peut être biaisé par les réseaux ou nos propres croyances. Dans tous les cas, porter un jugement sur quelqu’un est toujours bien moins anodin qu’il y parait. Si tu n’es pas capable de dire un mot gentil alors … Peut-être faudrait-il envisager de te taire, tout simplement… 🙂
La méthode des 3 petits bonheurs (ou 3 good things, pour les anglophones) est un exercice quotidien de méditation qui s’inscrit dans la pratique de la psychologie positive. Le principe est simple : chaque jour, remémorez-vous trois événements positifs de votre journée et consignez-les sur papier. Le but avoué étant de trouver du positif dans chaque journée qui passe, aussi triste, morne et déprimante puisse-t-elle sembler au début.
Comment ?
Prenez n’importe quel support… Un cahier à décorer, des post-its, des feuilles volantes, un coin de nappe, un fichier word (pour les pragmatiques) et écrivez ! Cela ne doit pas nécessairement être des évènements incroyables et spectaculaires sauf si vous avez la chance d’avoir une vie trépidante auquel cas je suis pas sûre que vous ayez vraiment besoin de cette méthode… Mais plutôt des petits plaisirs quotidiens qui illuminent votre journée.
La mise en place en 3 étapes
Donnez un titre à votre petit bonheur : Et mettez-y de la couleur ! Des enluminures, une police spéciale, un petit dessin, … Laissez votre créativité s’exprimer ! Décrivez ce qu’il s’est passé : Ajoutez-y les petits détails qui vous ont fait sourire et qui ont laissé une empreinte positive sur vous. Prenez le temps de souligner comment cela vous a impacté : Si un battement d’aile de papillon peut provoquer des ouragans de l’autre côté du globe, peut-être qu’un petit mot gentil peut, à lui seul, changer votre journée ?
(Thème : Si tu devais écrire une lettre à ton « moi » d’il y a 10 ans)
J’écris une lettre que tu ne liras probablement pas. Tu l’accepteras poliment avec ton sourire de façade habituel et tu la rangeras sur ta longue pile de trucs à lire qui se situe juste à côté de ta plus grande pile encore de trucs à faire. La vérité, c’est que tu ne lis plus. Tu ne fais plus grand choses non plus. A part le sport, plus rien ne t’intéresse et tu es si fatiguée… Tu as presque touché le fond et quand ça sera fait, il ne te restera plus qu’à taper des pieds pour remonter.
Et c’est ce que tu vas faire.
Tu as cru que perdre 20kg ferait de toi quelqu’un de neuf. Une top biche pleine d’assurance qui n’aurait peur de rien. Tu t’es trompée. Tu as changé mais pas en bien. Ta confiance en toi reste bien fragile et tu te vois toujours obèse, indigne et insignifiante. Malgré tout, tu as du mal à t’arrêter… Tu es allée si loin. S’arrêter maintenant serait un aveu d’échec. Encore un.
Mais c’est ce que tu vas faire.
Ce jour-là sera un jour ordinaire mais ça sera celui de trop. Tu vas tout arrêter du jour au lendemain parce qu’il n’y aura plus de place que pour un changement radical dans ta vie. Cela dit, finalement, ce que tu redoutais le plus ne se produira pas. Pas de cris, pas de violence, pas de cataclysme, pas de ciel qui s’ouvre en deux… Ta vie ne se sera pas écroulée. C’est juste un peu différent. Ce que tu pensais être toute ton existence, ce par quoi tu te définissais était finalement un hobby comme un autre. Ta bande, ta crew, tes potes, ta team t’apparaît finalement dans sa cruelle vérité : une bande de gars toxiques qui te confortait dans ton mal-être et ta perception biaisée de toi-même.
La révélation va être douloureuse mais ça ne sera un dévoilement que pour toi. Tout le monde semblait bien plus conscient que toi de ce qu’il se passait. Tu auras de la chance de conserver leur amour et amitié une fois l’orage passé. Malgré toutes les turpitudes de ton aventure, ils sont restés. Même si tu ne les as pas écoutés, même si tu as tenté de les éloigner. Ce tri sera probablement un des moments les plus bénéfiques de ta vie.
Tu vas t’en sortir.
C’est pas toujours une certitude et, parfois, tu en doutes encore. Tu ressens encore ce vide, ce néant qui te fait peur et t’angoisse mais tu ne cherches plus à l’enfouir sous une multitudes d’activités, de sorties, de sport ou autre. Petit à petit, tu acceptes d’être seule avec toi-même. Et c’est déjà un beau progrès ! Si je devais te dire quelque-chose, ça serait ceci :
« Tu fais de ton mieux et c’est déjà bien. Tu n’as pas besoin d’être parfaite ou performante pour que l’on t’aime. Tes défauts ont leur charme quand ils ne t’envahissent pas trop (ni toi, ni les autres). Tu n’as pas à redéfinir tes propres limites pour plaire à quelqu’un d’autre. Tu es « assez ». Ni trop. Ni trop peu. Tu es plus qu’un chiffre sur une balance, plus qu’un physique, plus qu’une image. Tu ne te définis pas uniquement par tes heures de sport ou les poids que tu peux soulever. Tu es un tout. Pose-toi. Ecris. Dessine. Lis. Cuisine. Joue. Tu en fais assez. C’est de ton âme et de ton coeur dont tu dois t’occuper maintenant. Tu peux te reposer… »
(Retrouvé dans une note personnelle – 17 janvier 2022)
– « Bien sûr que tu as le cœur brisé, bien sûr que tu as mal. Comment tu espérais encore t’en sortir indemne ? Ton cœur, c’est la cour des miracles. Tu y accueilles tous ceux qui te semblent tristes ou perdus. De quoi tu te plains ? Tu leur demandais rien… mais oui, ils t’ont quand-même tout pris. Personne ne se contente d’une épaule pour venir y pleurer. Ils leur faut tout. Tout de suite. Sans concession. À quoi pensais-tu ? Ce n’est pas en réparant les autres que tu te sentiras plus entière. Tu ne rempliras pas ton vide intérieur en comblant les failles de quelqu’un d’autre. Pense à toi. Sois plus sélective dans tes amitiés et dans tes amours. Tu le mérites. Tu te dois bien ça. Tu vaux mieux que ça. Protèges-toi, on voit ton âme à travers tes yeux quand tu souris… »
(Retrouvé dans une note personnelle – 30 mai 2021)
PS : J’ai peu d’espoir en l’Internet mais si il existe une once de respect dans ce monde numérique…Cite tes sources. Ne vole pas mon travail. C’est un long processus que l’écriture…
Je ne me souviens plus du nombre exact de fois où j’ai stoppé, recommencé, remodelé, effacé, abandonné et repris ce blog. Le problème, ce n’est pas l’écriture. J’adore écrire. Le problème, c’est le thème, c’est le rose, c’est le choix des sujets, c’est le temps … J’ai l’impression que je n’arrive pas à me fixer sur un sentiment. Je regarde les différentes versions de ce blog avec des yeux ronds à chaque fois. Ai-je vraiment écrit ça ? Pourquoi avoir publié cette photo? Ai-je vraiment choisir ce vert ?
J’ai eu l’impression (ou l’espoir) que la trentaine me fixerait enfin. Que je me retrouverais finalement, au bout de ces 30 années et plus, avec une personnalité bien définie et des contours bien tracés. Il n’en est rien. La vie est ainsi faite, on évolue pas comme des pokémons. On se construit, on se trompe, on dévie, on choisit un thème rose avec des chats… Bref, on change.
I knew who I was this morning, but I’ve changed a few times since then …
Lewis Carroll, Alice’s Adventures in Wonderland / Through the Looking-Glass
Le temps d’écrire
Ce n’est pas l’inspiration qui me manque, pas l’envie. Je suis très volubile sur Instagram pour ce qui est de conseiller ou de motiver ma communauté, au point même de manquer de caractères pour finir d’exposer le fond de ma pensée. Mais, sortie de ma mosaïque, ce temps d’écriture que je réservais à mon audience devient du temps pour moi. Ai-je vraiment besoin d’écrire quand je peux lancer une machine à laver ? Profiter d’une heure de sport supplémentaire ? Ou recoudre un ourlet de pantalon ? Ce n’est pas que je ne m’accorde pas du temps pour moi mais disons plutôt qu’il repassera systématiquement sous la pile de linge ou les choses réellement importantes… Comme réorganiser ma penderie pour la cinquième fois de l’année.
Est ce que reprendre ce blog s’inscrit comme une volonté de refaire de moi-même une priorité ? Peut-être. Est ce que cet engagement va tenir sur le long terme ou être remplacé par un énième hobby ou tâche ménagère ? Rien n’est moins sûr.
J’ai (enfin) pris le temps de lire « ma vie en équilibre » de @takajuliette. Et… Wouaw… Quelle claque ! Je sais pas si toutes les lectrices ont eu le même sentiment que moi mais, à chaque page, j’ai eu l’impression de me dire « Mais oui !!!! C’est trop vrai ! », « C’est ça! »
En plus de cela, je me suis terriblement reconnue dans cette double quête du crucifix, d’abord, et de la souplesse ensuite (et là ? Tu trouves pas que ma main est plus basse ? Mon écart plus plat ? Mon dos plus bendy ?)
J’ai ri, j’ai été émue, je me suis questionnée aussi … Je pense en tous cas que ce n’est pas un ouvrage qui laisse indifférent et qui devrait tomber dans beaucoup plus de mains SURTOUT celles qui n’ont jamais tenu une barre de pole
Pour moi, on ne pratique pas cette discipline de manière anodine… C’est un ré-apprentissage de soi, de son corps, de son image, de ses capacités physiques,…
C’est poser ses lunettes dans son casier pour devenir Superman
(Photo sans filtre et sans trucage, juste un rayon de soleil bien placé dans ma fenêtre…)
– « Rhaaaa… Tu es super en forme ! Quelle chance tu as. Je perdrais bien un peu de gras aussi… »
– « Bah, tu sais, c’est pas si compliqué. Une alimentation équilibrée, un peu de sport, une touche de patience,… Le tout, c’est de se lancer. »
– « Oui mais non, j’ai pas le temps. Pour moi, c’est compliqué. Tu as trop de chance. »
Quand tu fais 12h de sport par semaine, c’est plus de la chance, c’est de l’investissement personnel, cocotte
Je suis fatiguée d’entendre que j’ai de la chance. Je ne suis pas née avec un chromosome sportif supplémentaire. J’ai pas une passion dévorante pour le riz et le poulet. J’ai pas non plus été recueillie enfant par les contorsionnistes du cirque du soleil. Ça se travaille. Tout se travaille.
Et, à vrai dire… C’était même tout le contraire. J’ai pas toujours pu glisser mes fesses dans des jeans skinny (et de toute façon, je préfère les shorts). J’ai pas toujours pu m’offrir les corsets que j’aime tant. Je me contentais de baver devant, la main dans un paquet de chips, en me disant qu’elles avaient bien de la chance, ces nanas, d’être jolies, fines et bien dans leur peau (hé oui). A force de baver, je me suis vue dans mon miroir de salive et ça m’a fait un choc. Alors un matin, comme ça, je me suis mis un coup de pied aux fesses et j’ai pris un abonnement à la salle de sport.
Miroir, mon beau miroir …
A posteriori, malgré mes presque 82 kg au compteur, je ne pense pas que j’avais un réel problème de poids. Je m’explique. Le problème, c’était pas mon image, pas les bourrelets, pas la malbouffe,… C’était mon petit coeur. Un petit coeur triste et un sentiment vertigineux de vide. De rien. Un espèce d’angoisse permanente et incontrôlable. Une tristesse infinie. Un trou béant que rien ne semblait pouvoir combler et, pourtant, je me suis donnée un mal de chien pour le remplir. Pas par plaisir mais par « besoin », par compulsion.
J’étais intimement persuadée que quelques kilos de moins résoudraient tous mes problèmes. Que je serais plus affirmée. Plus à même d’affronter le vide, l’ennui, la frustration et tous ces sentiments auxquels je n’arrivais pas à faire face (et qui semblaient si faciles à assumer par le reste du monde). Et, effectivement, pendant un temps, ça a marché…
J’ai fait de l’exercices. J’ai réduit mes portions. J’ai noué de nouvelles amitiés. Les premiers résultats sont arrivés. Les inconnus se retournaient sur mon passage et les mieux-connus se répandaient en félicitations. C’était magique ! Et pourtant… J’ai vite eu l’impression que mes gentils supporters exagéraient leurs encouragements. Je voyais pas les « merveilleux progrès » qu’ils me décrivaient. J’étais fatiguée. J’avais mal partout. J’étais grognon.
La nourriture a recommencé à poser problème. J’ai toujours eu des soucis plus ou moins prononcés avec certaines textures d’aliments (mous, mouillés ou gluants), les mélanges, les plats en sauce, la pâtes avec des trous, … à un point tel que je ne pouvais plus manger des aliments qui se touchaient. Cela dit, comme ça ne ressemblait à aucun trouble alimentaire « connu », ça ne m’a jamais vraiment alerté. Peu de choses m’ont vraiment alertée avant de toucher le fond. Au sentiment de vide s’est substitué celui du « pas assez ». Le soulagement de départ s’est très (trop) vite atténué.
Donc, j’ai fait ENCORE PLUS d’exercice. J’ai réduit mes portions toujours plus, au point que je n’ai pratiquement plus rien mangé. Les repas sont devenus un calvaire. De savants calculs. De la chasse aux calories. Et ça marchait… ça marchait tellement bien… J’étais toute puissante ! Pourquoi arrêter en si bon chemin ?
Les pesées sont devenues quotidiennes. Trois fois, six fois, onze fois par jour. Je me suis trainée à la salle. Je me suis traînée à la maison. Je me suis endormie partout où je trouvais du calme. J’ai pleuré de douleur quand mes articulations ont commencé à craquer. J’ai pleuré de désespoir pour 100g de perdu « seulement ». J’ai arrêté de voir des amis pour « manger un bout » ou « boire un verre ». Je pense que je n’aurais tout simplement pas supporté qu’ils me voient manger.
Encore maintenant, je préfère me voir plus « en chair » que morte de faim …
Après la naissance de mes petits, je suis donc passée de 82kg à 50Kg en un temps record. Et là… Ça a recommencé à jaser. Trop maigre, trop fatiguée, trop lasse, trop irritable. Jusqu’à ce jour où j’ai été trop fatiguée pour jouer avec mes bébés, où tout mon temps libre passait dans le sport et où mon mari était une ombre que je voyais le matin et le soir entre deux séances de torture.
Tout ça pour quoi ? Pour continuer à me trouver « obèse » et « grasse » sic même quand je voyais mes vêtements pendre sur ma peau. J’ai perdu des cheveux, des ongles et des amis. Il y avait des jours où je ne reconnaissais pas mes traits dans le miroir, où je ne reconnaissais plus mes traits de caractère. Toujours épuisée. Toujours irritée. Arrive le moment où il faut que cela s’arrête… Il a fallu que je touche le fond pour pouvoir taper des pieds et remonter.
Alors, j’ai levé le pied. J’ai recommencé à manger. Timidement, au début… « Normalement », maintenant. J’ai écarté de ma route les gens trop bien pensants ou trop inquiets de ma « santé ». Ceux qui avaient toujours de bons conseils mais jamais de temps pour moi.
Faire la différence entre la faim et l’envie de manger. Aimer cuisiner à nouveau. Se faire de petits plaisirs… sans culpabiliser !
J’ai l’impression que maintenant, je m’écoute plus et mieux. Je mange pour moi. Comme je le veux et comme je le sens (et comme tout le monde devrait avoir le droit de manger). Le sport n’est plus une punition pour les calories ingérées, ni une carotte pour une vie meilleure… C’est un plaisir ! Une passion. Même si ça reste un équilibre encore instable par moment… J’ai le sentiment de mieux gérer mes angoisses et mes doutes.
MAIS Gardez une chose à l’esprit… Chaque remarque sur ce qu’on mange ou ne mange pas, cela peut être un coup de fourchette que vous plantez dans le dos de votre interlocuteur. Parce que, quand manger est devenu un effort conscient, les petites phrases comme » attention, tu vas grossir « ou « tu finis pas ton assiette, tu retombes dans tes vieux travers » … c’est souvent synonyme de trois pas en arrière. C’est une assiette vide. C’est la nausée. C’est la faim… Il ne faut pas être dodue pour avoir des problèmes de nourriture. Il ne faut pas être filiforme pour avoir des problèmes de nourriture. TOUT LE MONDE peut être concerné.
Mange ce que tu veux, quand tu le veux… Et si quelqu’un critique ton poids, mange-le aussi…
Chaque jour qui passe, je le consacre en partie à ma passion. Je pense pole dance, je mange pole dance, je rêve pole dance. Je m’échauffe, je m’entraîne, je m’étire. J’organise mes journées du mieux que je peux pour pratiquer autant que je le peux.
Je m’informe des dernières nouvelles de ma communauté. Je compose mon assiette en fonction de mes besoins. Je choisis mes vêtements avec soin. Je prends soin de ma peau et de mes petites blessures.
Je transpire sous l’effort. Je répète encore et encore les mêmes poses, les mêmes combos, jusqu’à être satisfaite. J’ai mal. Je serre les dents. Un écart pas assez plat ? Je me ré-étire. Un mouvement difficile à tenir? Je me programme un petit renfo musculaire. Même les pointes de pied, je les travaille. Inlassablement.
Alors… Pourquoi, sous prétexte que je ne porte pas de baskets, est ce que je ne pourrais pas, moi aussi, être considérée comme une sportive ?
On est pas toujours seule, on est sous le feu des projecteurs, on appréhende les glissades (enfin… encore plus que d’habitude). Si j’avais quelques conseils à donner, les voici :
– Ne vous mettez pas de pression inutile. Au pire, vous risquez une photo moche.
– Les poses les plus simples sont souvent celles qui rendent le mieux (Martini baby ?)
– Soyez prévoyante ! Planifiez vos poses à l’avance et ajoutez y quelques plan B si vous vous sentez dépassée ou exceptionnellement en forme.
– Adoptez une tenue qui a déjà fait ses preuves, dans laquelle vous êtes à l’aise. Vous n’avez pas envie de vous rendre compte le jour J que ce top à ficelle vous fait ressembler à un petit rôti ou que votre bas nécessite une épilation plus minutieuse !