Publié dans Quelques mots

Bourriquet

Tu n’étais pas le plus beau, pas le plus coloré, pas le plus grand non plus, …
À vrai dire, tu n’étais même pas destiné à être un doudou.
Pourtant, quand Mouny t’a ramené, au fond de cette caisse, ses yeux t’ont tout de suite trouvé.

Ses mains étaient trop petites pour vraiment te saisir mais il adorait entendre tes petites billes rouler dans ton bedon.
Ce bruit l’a toujours apaisé.
Il t’a traîné partout, du bout de la queue.
De son tapis de jeux à sa chambre, du petit lit à barreaux au lit « de grand ».

Il a pris l’habitude de caresser ta crinière pour s’endormir, en frottant ton cou contre son nez.
Quand il a commencé à parler, il t’a raconté tous ses petits secrets, ses grands exploits et même ses tristesses passagères.
Il t’a emmené partout sauf à l’école – cet endroit mystérieux – en prenant soin de t’attacher dans la voiture et de vérifier si tu étais bien en sécurité dans nos valises.

Il t’a surveillé avec attention les rares fois où il a autorisé maman à lui faire prendre un bain ou à le raccommoder.
Il a demandé de tes nouvelles les premières fois où il a découché.
Il a même fêté ton anniversaire à quelques dates choisies…

Tu as un certain âge maintenant.
Tu as perdu la majeure partie de ta crinière, tes oreilles ont été rapiécées et le ruban qui orne ta queue menace de tomber tant il a été passé entre ses petits doigts.
Pourtant, il aime toujours écouter le bruit des billes dans ton petit bedon.
S’il a appris à lire, c’est pour te lire des histoires, avant de s’endormir, son nez toujours posé contre ton cou…
Chaque nuit, jour après jour, tu continues d’écouter battre son coeur.
Toi, son plus vieil ami… Son Bourriquet. Son doudou…