(Thème : Si tu devais écrire une lettre à ton « moi » d’il y a 10 ans)
J’écris une lettre que tu ne liras probablement pas. Tu l’accepteras poliment avec ton sourire de façade habituel et tu la rangeras sur ta longue pile de trucs à lire qui se situe juste à côté de ta plus grande pile encore de trucs à faire. La vérité, c’est que tu ne lis plus. Tu ne fais plus grand choses non plus. A part le sport, plus rien ne t’intéresse et tu es si fatiguée… Tu as presque touché le fond et quand ça sera fait, il ne te restera plus qu’à taper des pieds pour remonter.
Et c’est ce que tu vas faire.
Tu as cru que perdre 20kg ferait de toi quelqu’un de neuf. Une top biche pleine d’assurance qui n’aurait peur de rien. Tu t’es trompée. Tu as changé mais pas en bien. Ta confiance en toi reste bien fragile et tu te vois toujours obèse, indigne et insignifiante. Malgré tout, tu as du mal à t’arrêter… Tu es allée si loin. S’arrêter maintenant serait un aveu d’échec. Encore un.
Mais c’est ce que tu vas faire.
Ce jour-là sera un jour ordinaire mais ça sera celui de trop. Tu vas tout arrêter du jour au lendemain parce qu’il n’y aura plus de place que pour un changement radical dans ta vie. Cela dit, finalement, ce que tu redoutais le plus ne se produira pas. Pas de cris, pas de violence, pas de cataclysme, pas de ciel qui s’ouvre en deux… Ta vie ne se sera pas écroulée. C’est juste un peu différent. Ce que tu pensais être toute ton existence, ce par quoi tu te définissais était finalement un hobby comme un autre. Ta bande, ta crew, tes potes, ta team t’apparaît finalement dans sa cruelle vérité : une bande de gars toxiques qui te confortait dans ton mal-être et ta perception biaisée de toi-même.
La révélation va être douloureuse mais ça ne sera un dévoilement que pour toi. Tout le monde semblait bien plus conscient que toi de ce qu’il se passait. Tu auras de la chance de conserver leur amour et amitié une fois l’orage passé. Malgré toutes les turpitudes de ton aventure, ils sont restés. Même si tu ne les as pas écoutés, même si tu as tenté de les éloigner. Ce tri sera probablement un des moments les plus bénéfiques de ta vie.
Tu vas t’en sortir.
C’est pas toujours une certitude et, parfois, tu en doutes encore. Tu ressens encore ce vide, ce néant qui te fait peur et t’angoisse mais tu ne cherches plus à l’enfouir sous une multitudes d’activités, de sorties, de sport ou autre. Petit à petit, tu acceptes d’être seule avec toi-même. Et c’est déjà un beau progrès ! Si je devais te dire quelque-chose, ça serait ceci :
« Tu fais de ton mieux et c’est déjà bien.
Tu n’as pas besoin d’être parfaite ou performante pour que l’on t’aime.
Tes défauts ont leur charme quand ils ne t’envahissent pas trop (ni toi, ni les autres).
Tu n’as pas à redéfinir tes propres limites pour plaire à quelqu’un d’autre.
Tu es « assez ». Ni trop. Ni trop peu.
Tu es plus qu’un chiffre sur une balance, plus qu’un physique, plus qu’une image.
Tu ne te définis pas uniquement par tes heures de sport ou les poids que tu peux soulever.
Tu es un tout.
Pose-toi. Ecris. Dessine. Lis. Cuisine. Joue.
Tu en fais assez.
C’est de ton âme et de ton coeur dont tu dois t’occuper maintenant.
Tu peux te reposer… »
(Retrouvé dans une note personnelle – 17 janvier 2022)