Nous étions prêts !
Prêts pour les #20kmdebruxelles qui se déroulaient, ce dimanche 27 mai dernier, dans notre belle capitale.
Cette année sera l’année des premières fois (encore).
Première fois à Bruxelles et … Première fois pour quelqu’un d’autre 😊
Karen Northshield est la seule victime qui n’a toujours pas quitté l’hôpital un an après les attentats du 22 mars. Cette belgo-américaine de 31 ans est – à ce jour – la dernière des victimes survivantes encore hospitalisée. Abandonnée par le gouvernement et la compagnie d’assurance de l’aéroport MAIS PAS par ses amis, la SURVIVOR continue de se fixer des challenges !
Équipée d’un carosse sur mesure, épaulée par l’ASBL « Tous à bord », poussée (littéralement) et encouragée par sa team, c’est dans un temps record (1h40 !!!) que Karen franchit la ligne d’arrivée. Réchauffée (surchauffée?) par les ardents rayons du mois de mai, @KarenNorthshield prouve et vérifie l’adage que « seul on va peut être plus vite mais ensemble, on va plus loin 😊 «
De mon côté, j’ai fait l’expérience fantastique de courir dans la vague handisport ! Une ambiance incroyable, une grande leçon d’humilité et des démonstrations d’amour, d’entraide et de courage qui font chaud au cœur. Cependant, étant bien meilleur support moral que coureuse (il faut bien se l’avouer), j’ai suivi le convoi d’un peu -puis de beaucoup- plus loin sans rien perdre de ce climat enthousiaste et bienveillant.
C’est donc tartinée de 2cm de crème solaire et hydratée comme un bébé dauphin trop près du rivage que j’entame mes 12 premiers kilomètres dans une forme olympique. J’e n’aurais jamais aussi bien couru sur un terrain vallonné (même si, quand tu t’entraines sur un ravel, j’admets que tous les terrains doivent sembler un peu vallonné). J’enchaine les tunnels et les faux plats avec le sourire et mon bonheur n’est entaché que par la tristesse de devoir laisser ma compagne de course derrière moi. Départ un poil trop rapide (ça se vérifiera plus tard, on en reparlera). Je lui fais signe de la main partagée entre les regrets, la crainte (parce que c’est réellement une meilleure coureuse que moi) et l’adrénaline qui, à ce moment là, me donne des ailes. Après un départ à 4:52, on oscillera entre les 5:20 et les 5:50 durant toute la première partie de la course.
Je passe 12 kilomètres réellement idylliques. Pas de fatigue particulière. Une super gestion de mon souffle. Aucune douleur et … Je dois bien le dire… Je suis délicieusement épaulée par mon compagnon de course. Il a une allure un poil trop rapide pour moi mais un calme rassurant, un sourire motivant et un enthousiasme à tout épreuve. Je me fais bichonner. Il me rassure sur notre cadence, il me tient au courant du kilométrage, il me tient même mes bouteilles d’eau et m’hydrate régulièrement. Les conditions sont parfaites. Je cours le cœur vraiment léger.
Et là… C’est le drame. Tout commence à déconner en même temps, du haut de la fesse droite, en passant par le genou, jusqu’au talon gauche… Tout commence à claquer en l’espace de quelques minutes. La fesse semble endormie, le bas du dos me lance et la douleur à l’intérieur du genou pulse toutes les deux minutes. Panique ? Stress ? Vague de découragement à la vue du panneau de kilométrage ? Je ne le saurais jamais… J’essaie de mettre un peu de musique là-dessus pour penser à autre chose mais, malgré la gentillesse et les encouragements de mon co-coureur, c’est la panique à l’intérieur. Une belle descente sur « supermassive black hole » me remet du baume au cœur mais, à nouveau sur le plat, mon beau moral s’essouffle. C’est la débandade.
Arrive alors le point crucial de la course où je me sépare de mon indéfectible ami. Je dois pratiquement le chasser d’un coup de pied au popotin pour qu’il me laisse mais j’ai besoin de me replier sur moi-même et de mesurer l’étendue des dégâts. Il peut encore finir la course en moins de 2h et moi je suis à deux doigts de me jeter sur le premier buggy qui passe. Il a trop bien couru jusque là pour qu’on lui vole sa victoire pourtant amplement méritée… Je le regarde partir en priant pour ne pas l’avoir trop retardé. Il me reste 6 km à parcourir. Ce seront les plus longs 6 km de ma vie. Ma moyenne chute de 5:50 autours des 6:30.
Les 15ème et 16ème kilomètres me semblent intenables mais les 17ème et 18ème sont pires. Je fais bonne figure parce que les gens se sont déplacés en nombre pour venir nous encourager. Je tape dans toutes les petites mains que je dépasse. Je mange toutes les oranges que je trouve. La musique ne me suffit plus. Mes orteils s’ajoutent à la looooongue liste de mes précédents bobos et je suis prête à jeter l’éponge. Là. Maintenant. Tout de suite. Mais…
Mais…
Mais je porte un maillot vert et rose qui ne porte pas mon nom.
Alors je fais un pas de plus. Puis un autre. Et encore un.
C’est alors qu’un mini miracle se produit (et franchement, ce n’est pas un moindre mot). Sortie de nulle part… Ma co-coureuse, qui avait ralenti en début de course me choppe la main par derrière et m’encourage à me reprendre.
Je crois que je n’ai jamais été aussi heureuse de la voir de MA VIE !
J’éprouve un soulagement intense qui me redonne un coup de fouet.
Il reste 2 kilomètres. SEULEMENT 2 kilomètres.
Et elle va me donner des ailes ma Shakira parce que, non seulement, on va la finir cette course… Mais en plus, on va repasser sous la barre des 6:0 pour franchir la ligne d’arrivée main dans la main et sourire aux lèvres.
On passe la barrière. On lève les bras. On prend la médaille.
Je suis littéralement vidée… Mais, malgré tout, j’ai encore des yeux à chercher dans la foule…
Je rejoins ma team <3
Un parcours en dent de scie avec des bas très bas et des hauts très hauts.
(Mais quels hauts !)
Évidemment, encore et toujours, mon coup de cœur va à ma Team qui continue – envers et contre – tout à me traîner toujours plus loin…
Et toujours plus vite !
Ainsi se clôture une belle aventure humaine…
Nous connaissons tous et toutes le bruits que font les rêves quand ils se brisent… Ce n’est pas un combat matériel, c’est – AVANT TOUT – une lutte contre l’oubli ! Propagez son nom, faites vivre le hashtag #laTeamKaren, montrez votre soutien de quelque nature qu’il soit ! Une pancarte au détour d’un virage, le hashtag sous une photo ou une citation inspirante,… Propagez le message ! N’oubliez pas ! Faites vivre son histoire !
Il n’y a pas de défis « trop grands » quand on est ensemble
A voir, le reportage de la RTBF qui lui est consacré : https://www.rtbf.be/info/societe/detail_20-km-de-bruxelles-karen-northshield-rescapee-des-attentats-du-22-mars-participe-a-la-course